Des joies de l'allaitement
Bien avant la naissance de Crapouillou je n'imaginais pas donner le sein à mon bébé, au cri de : ChsuisPasuneVacheLaitière ! Et puis, au fil de la grossesse je suis passée progressivement du non catégorique, au PourquoiPas puis oh Okj'vaisl'Faire ! ... Ok j'avoue de suite ... à la fin de ce cheminement quand même c'était plutôt : Okj'vaisl'Faire...Sigiarrive hein ?!
Ce qui, rétrospectivement étant visiblement ma 1ère erreur.
Méthode Coué - J'aurai dû me faire confiance -
Motivée, j'ai donc suivi les cours de prépa à l'accouchement avec 2h de rab' rien que sur l'allaitement maternel. Option prise de note et tout le toutim pour la Chamelle que je suis.
J'y ai appris que certaines d'entre nous avaient des mamelons plats ... que l'allaitement se faisait à la demande ... le nom de la crème miracle pour "réparer" les seins maltraités ...
Et je me suis sentie parée !
Pauvre petite nullipare que j'étais ...
Après l'accouchement, le Crapouillou a été mis en peau à peau sur le sein. Monsieur 3,750kg avait visiblement la dalle et n'a pas galéré le moins du monde pour téter.
En revanche moi j'ai pleuré.
De fatigue.
De joie ?
De fatigue.
De douleur.
De fatigue (nan, je ne radote pas.)
De douleur (na, merdeee je radote pas)
J'étais impressionnée par la force avec laquelle ce tout petit inconnu tirait sur mon sein. J'ai voulu le repousser pour qu'il arrête de me faire mal ; j'avais donné pour la journée hein ?!! Est ce que c'était normal cette douleur ? Je ne souvenais pas d'avoir entendu parler de ça en prépa ?! Mais l'auxiliare de puériculture m'a gentiment rassurée ...
... Arrivés dans notre chambre, j'ai sonné pour la 1ère mise au sein (comme m'avait Mme la sgae-femme libérale qui visiblement a oublié la surcharge de boulot de ses collègues de clinique ?!) et j'ai bafouillé pour quémander un conseil de mise au sein ... la sage-femme a vaguement baissé la tête sur mes nénés et le Crapouillou : "oui-oui c'est très bien" et hop elle a tourné les talons !
Seule.
Ventousée.
Aspirée.
Maltraitée et toujours plus fatiguée.
Voilà ce que j'ai ressenti.
Ah non, j'ai oublié : honteuse.
D'avoir dérangé une pro. De pas réussir à ...
Quand pour la première nuit on m'a proposé de prendre Crapouillou en nurserie j'ai dit OuiCentfoisOUi ... Mais quand le lendemain on m'a ammené le Crap' à 6h parce qu'il avait faim, je me souviens encore très bien avoir pensé : "Non ! pas déjà, pas maintenant. Je veux dormir et je veux pas avoir mal ."
Honte sur moi. Mais je l'ai pensé.
J'ai dû avoir l'air désemparé, car c'est comme ça que je me sentais. Mais l'auxilaire s'est tirée fissa quand j'ai demandé "un petit conseil pour la tétée ?". Je me suis fait l'effet d'une :
Mère indigne.
Incapable.
Abandonnée.
Et ça a empiré. J'en venais à appréhender les tétées. Chérinounet essayait de m'épauler avecde gentiles mots : "Je te suis, quoi que tu décides. Pas de pression ma belle, tu feras le bon choix".
Un choix ? quel choix ? Je ne savais pas. Je ne savais plus.Merde il fallait vraiment faire un choix ?!
J'étais incapable de prendre une décision. J'avais besoin de quelqu'un avec force et savoir. Qui me dise quoi me faire pour continuer à faire ce que je croyais bien avant.
Chaque mise au sein, je sonnnais, demandais un conseil, une aide.
Chaque mise au sein, une personne différente, me donnant un conseil. Son contraire. Le contraire de l'inverse du contraire du début. Moins de 24h après la naissance je me sentais :
Paumée.
Larguée.
Fatiguée.
Incapable.
Triste.
Quand Crapouillou était au sein j'avais tellement mal que je ne regardais pas. Je serrais les dents, pleurais un peu et fixais le ciel loin dehors en me répétant que les choses s'arrangeraient bientôt. Je regardais tellement ailleurs, que je n'ai pas tout de suite remarqué le sang sur les seins.
A force d'insister auprès du personnel j'ai obtenu : un arrachage de soutif en pleine salle nurserie devant les autres parents et un cri : "Waouh ben ça c'est ce qu'on appelle des crevasses hein ?!!! t'as vu ces crevasses Micheline ?!!! viens voir !" Je vous passe les remarques de Micheline et sa collègue, ma honte cuisante les seins en sang à l'air devant des inconnus ...
Le Crap' gardait le cap ; à peine une perte de poids sur la courbe.
On est rentrés à la maison. Avec pour dernier conseil : "minimum 2h entre deux tétées"
Méthode Coué - Ne pas écouter les Autres, même s'ils sont pédiatres -
J'ai tenu 10 jours.
J'ai pleuré quand Chérinounet m'apportait le petit Crapouillou. J'ai serré les dents.
J'ai utilisé l'arsenal bout de sein en silicone - Lansinoh - Castor Equi -
J'ai repoussé les : "t'es sûre que ton lait est bon ?" en riant (jaune)
J'ai vécu au lit avec mon bébé acroché au sein pendant presque 2 semaines.
J'ai assisté impuisssante au cris du Crapouillou. Aux hurlements déspérés qu'il poussait.
Et puis la balance de la PMI a annoncé une trop importante perte de poids du bébé. La pédiatre de la PMI a asséné son "l'allaitement maternel c'est à la demande au moins les premières semaines".
Et miracle quand Crapouillou mangeait parfois 3 fois par heure il ne pleurait plus.
Mais moi je ne pouvais plus.
3 jours d'allaitement à la demande avec un bébé affamé et j'ai craqué.
Honteusement.
Encore.
Cet allaitement a tourné court. Il n'a pas été un épanouissement total. Il reste un regret.
Mais surtout, près de deux ans après, une expérience positive ; après avoir accumulé toutes ces erreurs pour le premier, je ne pourrai que réussir pour le second non ?!
Et en tout cas il me permet de témoigner. Pour LMJ . Et d'autres.