Roman policier, vous avez dit policier ?

Ne sachant plus vers quel Saint de la littérature me vouer je suis partie dernièrement explorer le monde du roman noir.

Sans trop y croire.

C'est vrai, qu'avais-je à attendre de ce genre même pas littéraire ?

Au rayon "policier/ thriller / frissons" d'une grande librairie, j'hésitais encore entre le dernier Harlan Coben ou Elle magazine ; après tout,  les deux ne sont que pure distraction non ?

N'y connaissant rien, j'ai décidé de me fier d'une part  à mon instinct de lectrice et d'autre part aux critiques. Entre le prix des lecteurs du Nouvel Obs, de Prima magazine ou le grand prix du roman noir, difficile de se repérer. Distraction pour distraction, j'ai remis mon destin de lectrice perdue entre les mains de critiques inconnus, travaillant malgré tout dans des journaux un peu plus célèbres qu'eux...

Harlan C.m'a gentiment distraite,  et bien qu'il oeuvre dans un autre genre que la française Amélie N., les deux m'ont semblé étrangement semblables ... aaah, d'où vient cette sensation bizarre de "déjà-vu" ? ... la construction, le ressort de l'intrigue et ses rebondissements ... Je suis pourtant sûre d'avoir déjà lu ça ailleurs ... dans un ou plusieurs ouvrages ... mes bouquins de cuisine ! si, si c'est bien ça ; d'abord on donne les ingrédients ; du plus élémentaire au plus complexe, ensuite on explique longuement comment préparer tout cela ensemble, quel mode de cuisson est le plus adapté et finalement comment dresser le plat dans une jolie petite assiette bon marché mais faisant terriblement illusion !

Remarquez que j'aime beaucoup manger et  que les plats les plus simples méritent souvent mes compliments les plus sincères ; satisfaction et surprise étant parfaitement dissociables !

En revanche, il y a une autre catégorie de romans. Ceux dont vous ne demanderez jamais la recette. Ceux qui vous laissent pantois en refermant le livre. Par exmple, ceux écrits par RJ Ellory.

Si les librairies classent ses deux titres au rayon policier / thriller / roman noir, l'américain mérite bien plus pourtant que cette vague étiquette. D'abord parce que comme toute étiquette celle-ci est réductrice et  qu'il est presque insultant de l'appliquer à l'écriture d'Ellory.

Et puis Ellory, s'il construit son intrigue autour du meurtre ou de la disparition d'un personnage, nous emmène bien au-delà du simple policier. Il maîtrise tous les genres et mieux encore, c'est à merveille marier les styles. Vous aimez le roman d'initiation ? lisez Ellory. Vous avez une prédilection pour le roman naturaliste ? lisez Ellory. Vous avouez un faible pour le roman d'amour ? lisez Ellory.

Dans l'un comme dans l'autre de ses deux romans, l'auteur vous embarque dans une folle succession de genres, maniant les mots avec une incroyable légèreté bien que tissant avec ces derniers une intrigue pesante, et incroyablement proche de nous.

Coup de coeur assuré.